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Page:Stevens - Contes populaires, 1867.djvu/109

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PIERRICHE.

déposant à la hâte et bien doucement le petit dans son berceau, je crois bien, Dieu me pardonne, que le diable s’en mêle !… et Pierriche se précipita hors de sa maison, la bouche pleine d’interjections et d’imprécations à l’adresse de sa vache :

Ohé ! Hue ! Dia ! la vilaine !… Ourche la gourmande !…

Mais la vache se souciait bien davantage de tondre les choux que d’écouter les invectives de son maître.

Le pauvre Pierriche n’osant plus donner de coup de pied, fit comme le brigand Cacus de mythologique mémoire ; il s’enroula autour des poignets l’extrémité de la queue de l’animal, et comme il avait une force herculéenne, bon gré mal gré il traîna la vache hors de son potager et replaça tant bien que mal la clôture qui en gardait l’entrée.

Tout cela avait pris du temps ; quand Pierriche essoufflé, à moitié rendu, rentra chez lui, les volailles, les deux oies et le jars boiteux se disputaient les restes de la pâte.

Évidemment tout conspirait contre ce pauvre Pierriche et le malheureux ne savait plus à quel Saint du paradis se vouer, ni que faire pour réparer autant que possible cette déplorable avalanche de désastres successifs.

Toujours est-il que Pierriche ne fit aucune cérémonie pour chasser, même brutalement, de son logis, les volailles, les deux oies et le jars boiteux ; et afin de prévenir leur retour, il ferma la porte avec rage.

Mais ici se présentait une autre difficulté ; la porte demeurant fermée, Pierriche perdait de vue sa vache qui paissait dans le sentier menant au bas de la butte, et rien ne lui prouvait suffisamment qu’elle ne retournerait pas rendre visite à ses choux.

Alors une idée lumineuse traversa l’esprit de Pier-