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Page:Stevens - Contes populaires, 1867.djvu/110

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PIERRICHE.

riche. Il prit la corde à linge longue de plusieurs brasses, adapta un nœud coulant à chaque extrémité et courut en placer un autour du cou de la vache. Puis, comme il ne pouvait tenir la porte ouverte, il fit passer la corde par une petite lucarne qui se trouvait au-dessus, la coula sur une des poutres qui soutenaient le plancher de haut et se plaça autour du corps l’autre nœud coulant.

De cette manière Pierriche devait se trouver averti des moindres changements de direction de sa bête.

Ces dispositions terminées, comme il s’en allait midi, Pierriche songea sérieusement aux préparatifs du dîner.

Mais hélas ! il était écrit sans doute que Pierriche ne pourrait pas même faire bouillir la marmite ; car à peine l’avait-il mise au feu que la vache dégringolant dans la rivière enleva Pierriche à six pieds du sol.

Le malheureux se sentant ainsi monter tout d’un coup avec la rapidité d’un décor de théâtre, n’eut que le temps de s’arc-bouter avec force à la poutre et demeura suspendu dans le vide, gigotant comme un possédé et criant avec désespoir :

À moi Madelon ! à moi Madelinette ! tandis que la vache, étranglée par le nœud coulant qui lui serrait l’encolure, se débattait dans l’eau heureusement peu profonde et menaçait de se noyer.

Ma foi, lecteurs, je ne sais trop ce qu’il serait advenu de Pierriche et de sa vache, si, par bonheur, au moment même de cette effroyable catastrophe, Madelon et ses enfants ne se fussent plus trouvés qu’à quelques arpents de la maison.

Elle avançait à grands pas, cette chère Madelon ; elle avait le pressentiment d’un désastre quelconque, et ses pressentiments furent confirmés quand elle aperçut son jars qui boitait et sa vache à l’eau.