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Page:Stevens - Contes populaires, 1867.djvu/122

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JACQUOT « LE BÛCHEUX. »

De son côté, le mari de la Dame
Chantait, en pleurnichant, une semblable gamme ;
Tandis que les enfants entourant l’étranger
Semblaient lui barrer le passage.
La scène devenait touchante ; c’est dommage
Qu’elle n’ait pu se prolonger :
Le Sire, en découvrant le plat, fit tout changer :

Eh quoi ? s’écria-t-il, cédant à sa colère,
On n’a donc pas eu peur d’enfreindre mes arrêts !
Lequel de vous, manants… fut assez téméraire
Pour oser me braver jusque dans mon palais,
Qu’il parle, ou sur le champ, je vais…

Qu’il parle, ou sur le champ, je vais…— Excellent Sire,
Ne nous faites pas mal, dit Jacquot humblement ;
Vous voulez tout savoir, eh bien ! je vais tout dire.
Ce n’est pas moi, j’en fais serment,
Mais vous saurez que Jacqueline
Ne mangeait plus du tout et devenait chagrine,
À cause du grand plat. Elle en pleurait. Ma foi !
Voyant cela, j’ai pris sur moi
D’ouvrir …

— C’en est assez, coquin !… poule mouillée !…
Et vous, femme perverse, à la langue emmiellée
Qui blâmiez si bien Ève en l’appelant Sans-cœur,
Ne rougissez-vous pas de votre ingratitude ?
Ici, vous pouviez vivre, au sein de la splendeur,
Heureuse et sans inquiétude,
Et vous ne l’avez pas voulu !…
Vous qui n’aviez jamais connu que l’indigence,
Quand vous avez acquis tout d’un coup l’opulence
Il vous fallait encor chercher le superflu
Que vous crûtes trouver dans le plat défendu ?…
Insensés ! votre peine égalera l’outrage.
Je vous chasse, et s’il vous avient
De tenir désormais sur Ève un tel langage,
Je vous fais pendre bel et bien.