Dors en paix, Pierre ! dors en paix, pauvre ami, et puissent des songes riants faire diversion à tes peines !
Pierre dormait profondément, lorsqu’il fut réveillé en sursaut par des cris qui n’avaient rien d’humain. On allait et on venait dans le corridor où retentissait sourdement le bruit d’une lutte désespérée entremêlée d’horribles blasphèmes.
Pierre se leva aussitôt comme poussé par un ressort et courut à la porte de son cachot, mais il n’entendit plus rien que le cliquetis sonore des clefs du geôlier et le grincement sinistre des verroux.
Cependant le jour allait poindre. Les étoiles s’éteignaient au ciel, et l’oreille exercée de Pierre percevait le chant lointain du coq matinal.
Bientôt il entendit le bruit d’une cloche sonnant l’Angelus. Cette voix amie qui lui rappelait la patrie absente et ses plus chères affections, le jeta dans un trouble inexprimable. Son imagination vivement frappée, fit passer devant ses yeux les lieux chéris où s’était écoulée son heureuse enfance, et le pauvre prisonnier faisant une triste comparaison entre les jours passés et le jour présent, se prit à pleurer. Mais bientôt se reprochant cette faiblesse, Pierre essuya ses yeux rougis. Il se jeta à deux genoux sur la pierre humide de sa cellule solitaire et pria longtemps.
Pierre était encore en prières, lorsque la porte de son cachot s’ouvrit et le geôlier entra.