Aller au contenu

Page:Stevens - Contes populaires, 1867.djvu/141

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
126
PIERRE SOUCI DIT VA-DE-BONCŒUR.

en cette ville, que vous perdiez ainsi toute chance de recouvrer ces valeurs ; mais je me permettrai de vous donner un conseil, c’est d’être plus prudent à l’avenir, car il y a malheureusement par ici plus de fripons que d’honnêtes gens. Voici votre montre, votre bague, un couteau, et une somme de deux dollars et six cents qui avaient été déposés à votre entrée dans l’établissement. Auriez-vous quelqu’autre chose à réclamer ?

Pierre, pour toute réponse, se confondit en salutations et sortit du bureau à reculons.



Une fois hors de prison, Pierre se trouva dans la rue, sans but certain, sans amis, presque sans le sou. Il se mit à marcher au hasard, ne sachant où il allait, guidé par le caprice des rues et de sa bonne étoile. Il y avait déjà plus d’une heure qu’il errait ainsi à l’aventure, respirant l’air pur à pleins poumons, lorsqu’en longeant les quais, il aperçut, de l’autre côté de la rue, une enseigne qui le fit arrêter et concentra toute son attention : on lisait au-dessus de la porte d’une maison en bois de modeste apparence et que Pierre regardait, du haut en bas et de bas en haut, avec autant d’attention que si c’eût été un chef-d’œuvre d’architecture :


Au rendez-vous des Canadiens,
John Durand, Boarding House,
Repas à toute heure.


Eh bien, dit-il, nous dînerons ici, et traversant la rue, il entra.

Il vit alors une pièce assez vaste, plus longue que