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Page:Stevens - Contes populaires, 1867.djvu/180

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LES TROIS VÉRITÉS.

c’est ton bon plaisir, moi je préfère l’ombre et je serai rendu deux heures avant toi. Au revoir.

Jean continua seul sa route. Arrivé au village, quelle ne fut pas sa surprise d’y voir tout sans dessus dessous !

Un groupe de femmes et d’enfants se tenaient en face de la chapelle autour du cadavre d’un homme assassiné que Jean reconnut avec horreur pour son compagnon de tantôt, tandis que les habitants accourus en foule, les uns armés de bâtons et de fourches, les autres de fusils, n’attendaient plus que l’arrivée de monsieur le Maire pour se mettre à la poursuite des assassins.

Mon vieux maître avait raison, se dit Jean, remerciant Dieu avec gratitude de l’avoir mené dans la maison de ce vieillard qu’il venait de quitter. Si l’on ne m’eut pas dit qu’il fallait toujours suivre le vieux chemin, je serais un homme mort à l’heure qu’il est. Décidément cette vérité vaut plus que cent piastres. Je la dirai à ma femme et à mon fils, et nous en ferons tous trois notre profit.

Une heure ou deux après avoir traversé le village, Jean Lafortune fatigué de la longue route qu’il avait faite cette journée-là, s’arrêtait à une hôtellerie d’assez belle apparence, et demandait à l’hôtelier le couvert pour la nuit.