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LES TROIS VÉRITÉS.

Celui ci s’empressa de donner une chambre à notre voyageur et après l’avoir prévenu qu’il viendrait le chercher bientôt pour le souper, le laissa seul.

Il commençait à faire noir. Jean déposa dans un coin son paquet et son rondin, ferma la porte, et par un mouvement de curiosité assez naturelle, se mit à examiner, autant que le lui permettait l’obscurité naissante, la chambre où il se trouvait.

Un drap gris et épais, assez semblable à une voile de bateau, couvrait la moitié du plancher, et, sous le drap, se dessinaient comme des formes humaines.

Surpris et curieux à la fois, Jean souleva un coin de cette toile. Horreur ! des cadavres, les uns à peine décomposés, d’autres réduits à l’état de squelettes, étaient couchés côte à côte sur le plancher.

Il se disposait à les compter lorsque l’hôtelier vint gratter à la serrure et le prévenir qu’on l’attendait pour souper.

Jean ouvrit aussitôt la porte, et une lumière éblouissante, telle qu’il n’en avait encore jamais vue, lui fit fermer un instant les yeux.

Il se trouvait dans une vaste salle éclairée par des milliers de bougies.

Une table longue couverte d’une vaisselle somptueuse et de plats d’or et d’argent d’où s’échappait une odeur délicieuse semblait attendre vingt-quatre con-