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Page:Stevens - Contes populaires, 1867.djvu/187

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LES TROIS VÉRITÉS.

Toute la nuit, il fit des rêves affreux, épouvantables.

Le lendemain, de bonne heure, il descendit à pas de loup, prit en passant le marteau du savetier, et entra chez lui sans bruit, ce qui n’était pas difficile, car on ne fermait pas les portes dans cet heureux temps.

Dans la première pièce, reposait sa femme, les mains jointes sur la poitrine, la figure calme et souriante.

Jean fit quelques pas plus loin. Arrivé en face de la pièce du fond dont la porte était ouverte, il aperçut un prêtre à genoux qui lui tournait le dos.

À cette vue, la surprise lui fit lâcher le marteau qu’il tenait à la main. Le prêtre se retourna, tous deux échangèrent un rapide regard et furent bientôt dans les bras l’un de l’autre.

C’était son fils, son fils unique ordonné prêtre la veille et qui avait obtenu la permission de venir voir ses parents.

Bientôt la mère fut sur pied, les embrassements recommencèrent et tous allèrent à l’église remercier ensemble le bon Dieu qui les avait si visiblement protégés, et le père et la mère eurent le bonheur d’assister à la première messe de leur fils.

Au déjeûner qui suivit, la fameuse tourtière parut sur la table, et quand Jean Lafortune y porta le couteau pour l’entamer, ses trois cents piastres en sortirent.