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Page:Stevens - Contes populaires, 1867.djvu/193

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IL NE FAUT JAMAIS REMETTRE AU LENDEMAIN,

— Une histoire, dites-vous, ah ! voilà qui « s’adonne » bien. Moi qui en cherche justement, me feriez-vous le plaisir de la raconter ; je gagerais qu’elle doit être très-intéressante ?

— Très-volontiers, d’autant plus que la pluie ne cessera pas de si tôt. C’est un coup de nord-est, nous en avons pour trois jours francs.

Nous aurions pu en avoir pour un mois que cela m’eût été parfaitement indifférent. Je tenais une histoire, une histoire « ayant la senteur du terroir Laurentien, » comme dit si bien M. Taché ; je déposai donc ma pipe pour mieux me recueillir, et mon hôte commença ainsi :

— Il faut savoir, Monsieur, que je ne suis pas né ici. Mon défunt père n’avait qu’une petite terre à St-Lazare, la paroisse des « quêteux, » comme on dit, à quelques lieues plus bas dans les terres. Or donc, il y a bien longtemps de ça, un soir d’été que le bonhomme veillait avec quelques voisins, la conversation vint à tomber sur les avocats, et tous — hormis mon père qui n’avait jamais eu affaire aux gens de lois, — s’accordaient à dire qu’il n’y a rien de mieux au monde qu’une « consulte. »

— Un tel, grâce à une « consulte, » avait gagné cinquante piastres.

— Un autre avait vu reculer les limites de sa terre d’un demi-arpent sur toute sa longueur. Bref, Baptiste renchérissait sur Pierre, et Pierre sur Baptiste, si bien que mon brave défunt père en rentra tout pensif à la maison, bien résolu à avoir, lui aussi, sa « consulte, » à la première occasion.

La moisson approchait ; si tôt qu’il eut coupé son blé, il attela un beau matin sa jument blonde, et se rendit à Québec.

Après avoir cherché quelque temps le bureau d’un