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Page:Stevens - Contes populaires, 1867.djvu/20

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PIERRE CARDON.

riez-vous la quiétude de ces tableaux moins saisissante. Peut être encore, s’il vous arrivait, voyageur curieux, de pénétrer dans quelqu’une de ces demeures, cachées derrière ces arbres touffus, et qui d’ici nous semble le sanctuaire du bonheur, — si toutefois le bonheur a un sanctuaire en ce monde, — n’y rencontreriez-vous pas toujours cette félicité calme que s’était forgée votre imagination surprise.

Tout cela est probable ; mais que voulez-vous ? les siècles se suivent et ne se ressemblent pas ; et il n’y a certes pas de ma faute si les Tircis et les Tityres ne figurent plus que pour mémoire dans les pastorales de collége.

Bien plus, nous le demandons les larmes aux yeux : qu’est devenue cette foi naïve et robuste de nos bons ancêtres ? Pourquoi perdons-nous, chaque jour, leurs mœurs austères et la touchante simplicité de leurs goûts ?

Étrange contradiction de cette étrange époque ! à mesure que l’éducation semble vouloir élever notre intelligence, le niveau de la morale publique tend à s’abaisser, non seulement dans les villes, mais encore dans les campagnes.

Il y a deux siècles à peine, nos mœurs étaient si pures, la foi si vive, qu’un homme fut cloué au pilori, pendant plusieurs heures, sur la place publique de Québec, pour s’être enivré et avoir blasphémé.

Nos places publiques pourraient-elles contenir aujourd’hui tous les blasphémateurs et les ivrognes ?…

Hélas ! ce qu’écrivait le bon Horace serait-il donc vrai ?


Damnosa quid non imminuit dies ?
Œtas parentum, pejor avis, tulit
Nos nequiores, mox daturos
Progeniem vitiosiorem.