jupon d’une voisine, avait toutes les peines du monde à contenir sa colère.
Si la sainteté du Dimanche ne l’eut retenu, il aurait certainement fait un éclat.
Le jour même, vers le coucher du soleil, tout le beau sexe de l’endroit s’était réuni au bord de la grève.
On s’était donné le mot, pas un cerceau ne manquait à l’appel.
Un immense chaland qui servait à transporter les moutons et les bêtes à cornes dans la commune en face du village, se berçait mollement sur la surface tranquille du fleuve.
Alors celle qui paraissait le chef de ce bataillon sacré monta d’un pas ferme et sûr dans ce bateau, les autres suivirent, on démarra le chaland, et l’on fit force de rames vers l’île en chantant en chœur :
Vive la Canadienne
Aux jolis yeux doux
tout doux !…
Dans cette île, il y avait un magnifique champ de joncs, doux abris des canards et des sarcelles.
Ce fut vers ce champ de joncs que se dirigea toute la troupe.
En un clin d’œil le champ fut rasé comme si dix machines à faucher y eussent passé.
Il n’en resta pas même de quoi faire un balai, une simple brosse à habit.
Puis les cercles du tonnelier furent remplacés à la hâte par les joncs du bon Dieu. On les rassembla par douzaines, seulement au lieu de les attacher avec des