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Page:Stevens - Contes populaires, 1867.djvu/202

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CRINOLINE.

Le lendemain les trois cents cercles avaient disparu et le tonnelier n’en avait pas même vu un seul.

Il ne retrouva que les cordes d’écorce qui avaient servi à attacher ses cercles par douzaines, et les garda, à tout événement, comme preuve de conviction.

Comme ce village n’avait pas le bonheur de posséder une compagnie de constables, le tonnelier s’en alla tout droit chez Mr. le Curé, et le pria, la larme à l’œil et des pleurs dans la voix, de recommander, au prône du Dimanche, qu’on rendît à César ce qui appartient à César, et au tonnelier ses cerceaux.

Le dimanche arriva. Huit jours auparavant il n’y avait que six crinolines dans l’endroit, ce jour-là tout le beau sexe en portait. La femme du bédeau elle-même et ses cinq filles avaient chacune un appareil d’un effet flamboyant.

Évidemment tous les cercles du tonnelier devaient se trouver dans l’église.

Je vous laisse à penser maintenant, quelle effroyable terreur dut causer à toutes ces belles pécheresses la réclamation de Monsieur le Curé tombant du haut de la chaire, comme un coup de foudre.

Plus d’une, j’en suis convaincu, aurait autant aimé se trouver à plusieurs pieds sous terre, ou tout au moins, de n’être pas venue à la grand’messe.

Cependant la grand’messe se passe, les vêpres se chantent et les crinolines continuent à se porter à la barbe du tonnelier.

La situation devenait difficile de part et d’autre, d’autant plus que le tonnelier ayant reconnu, grâce à un Zéphir perfide, un de ses cercles qui se balançait au