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Page:Stevens - Contes populaires, 1867.djvu/209

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LES TROIS SOUHAITS.

Vous saurez donc qu’un soir, peu nous importe l’heure,
Deux époux se chauffaient en causant comme trois,
Dans leur humble cabane, au milieu d’un grand bois.
Ces gens-là, ne logeant point d’or en leur demeure.
Étaient plus heureux que des rois,
Car rois, de ce temps-ci, ne s’amusent, je pense.
J’ai donc dit que ce couple était heureux ; eh bien !
Qui croirait cependant que leur douce existence
Faillit être troublée, — et ce, pour presque rien ?
Tant il est vrai que sur la terre
Le chagrin, de fort près, suit toujours le bonheur.
D’ami constant, il n’est, je crois, que le malheur,
Celui-là seul nous aime en frère.
S’il nous tient une fois, il nous tient comme il faut.
Tel que le lierre à l’arbre, après vous il s’attache,
Ici, là-bas, partout, même jusqu’au tombeau.

Je n’ai pas encor, que je sache,
Nommé mes deux héros ; faisons le donc, et tôt.
L’époux s’appelait Pierre, et la femme Josette.
Tous deux, vivant de peu, travaillaient rudement :
L’un guidait la cognée et l’autre la navette.
Leurs travaux réunis donnaient, bon an, mal an,
De quoi vivre et bien juste. Or, cette fois, la femme
Disait à son mari : je voudrais être dame,
Que nous serions heureux ! Nous aurions des écus,
Tu ferais le Monsieur, tu ne bûcherais plus.
Moi je pourrais porter une ample crinoline
Et des robes de soie, et des jupons piqués.
Comme alors, cher ami, je ferais bonne mine !
Partout où l’on irait, nous serions remarqués.
Qu’en dis-tu, mon mari ?……

— Que veux-tu que j’en dise ?
T’en aimerai-je plus quand tu serais mieux mise ?
Que nous font, après tout, ces superbes souhaits !