— Eh ! que puis-je, Bateau !… contre ce maléfice ?
Tiens, je vais souhaiter, cette fois, un trésor,
Et l’on fabriquera, pour cacher la saucisse
Qui t’allonge le nez, un charmant étui d’or.
— Non, Pierre, je ne veux d’étui d’aucune sorte…
Il nous reste un souhait, tu me le laisseras
Ou je me jette à l’eau…
— Vas y donc de ce pas !…
Josette transportée allait gagner la porte,
Quand Pierre, qui l’aimait, la retint par l’habit :
— Fais ton souhait, voyons… fais-le, pauvre Josette !…
— Eh bien ! dit-elle, je souhaite
Que ce boudin me tombe. Aussitôt fait que dit.
Et pleurant de plaisir Josette dit : la fée,
Comme elle l’a voulu, de nous deux s’est moquée.
Mais elle avait raison, et nous seuls avions tort.
À quoi nous serviraient ses superbes largesses ?
Serions-nous plus heureux en changeant notre sort ?
Le bonheur est-il donc dans de vaines richesses ?
Si nous avons véçu, sans pâtir, jusqu’ici,
Nous vivrons bien encore, et que Dieu soit béni !
Soumettons-nous toujours à sa volonté sainte,
Et, quant à l’avenir, ne nous en occupons.
On le prend comme il vient. En attendant, soupons,
Et mangeons le boudin sans crainte.
— Oh ! que tu parles bien, viens, femme, sur mon cœur,
Et pardonne à ton pauvre Pierre,
Il ne veut plus d’autre bonheur
Que d’avoir sa Josette et son humble chaumière.