Page:Stevens - Contes populaires, 1867.djvu/212

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
197
LES TROIS SOUHAITS

Pétillant comme une fusée.
— Pierre ! si nous avions du boudin maintenant,
Cuirait-il un peu gentiment
Sur cette excellente attisée ?
Dit Josette en parlant sans arrière-pensée.
Mais ne voilà-t-il pas que dans le même instant
Tombe à travers la cheminée
Le plus beau des boudins que tripier fit jamais !
Rien qu’à l’examiner, l’eau venait à la bouche.

— Oh femme sans esprit ! plus bête qu’une souche,
Est-ce ainsi que tu vas gaspiller nos souhaits ?…

— Mais Pierre ?…
— Tais-toi, femme, ou prends garde à ma trique !…
Je souhaite vraiment que cet affreux boudin
Te pende au bout du nez, bel et bien, sans réplique.
Ça t’apprendrait au moins à modérer ta faim,
Tripe de loup !… Gourmande !…

Ô le tableau comique !
Pierre parlait encor que le boudin maudit
S’étalait, cher lecteur, sur le nez de sa femme.
Je vous laisse à penser les fureurs de la dame,
Et si Pierre, à son tour, resta bien interdit.

— La vilaine croix d’homme ! ô quel affreux caprice !
Mon Dieu ! qu’ai-je donc fait pour endurer ces maux ?…
Disait Josette à travers ses sanglots,
En tâchant, mais en vain, d’arracher l’appendice.
Pierre !… Je t’en conjure,… ôte-moi ce supplice…
Voyons, Pierre !… sois bon, je t’en supplie encor…