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Page:Stevens - Contes populaires, 1867.djvu/222

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FORTUNÉ BELLEHUMEUR.

de tout éloge, — des chambres en réserve pour les voyageurs attardés, ce qui peut arriver à tout le monde, et de cette manière vous réduisez à néant, vous pulvérisez, vous annihilez ce déplorable proverbe que tous les gens qui voyagent ont en horreur : « tardè venientibus ossa. »

— Monsieur ! il ne s’agit pas de tout cela, cria M. Sagamité d’une voix perçante ; je vous dis et je vous répète qu’il n’y a pas de place ici pour vous.

— Ne vous dérangez pas, M. Sagamité, ne vous dérangez pas de vos occupations ; je saurai bien trouver moi-même la salle à manger…

Et M. Fortuné Bellehumeur se dirigeait vers la salle de danse, quand maître Sagamité laissant précipitamment dindes et broches, courut se suspendre à la queue et aux basques de l’orateur, lui criant à travers les oreilles, de toute la force de ses poumons :

— On n’entre pas ici !… Ma maison a été retenue en entier pour la noce à M. Romulus Plumitif et Mademoiselle Prudence-Perpétue-Félicité-Beaubec……… et pour leurs parents et amis… et pour les amis de leurs amis.

Vade retro Satanas ! riposta M. Bellehumeur ; et d’un revers de main, il envoya l’infortuné Sagamité rouler dans sa cheminée en décrivant de nouveau plusieurs pirouettes. Puis, le front haut, la démarche assurée, — ainsi qu’un chevalier sans peur et sans reproche — M. Fortuné-Désiré-Honoré-Bellehumeur dit Sans chagrin pénétra dans la salle occupée par les gens de la noce, et sans s’occuper le moins du monde des danseurs qui achevaient un cotillon, alla se planter près de la cheminée où brûlait un excellent feu, devant lequel il se plaça imperturbablement, — le dos à la braise, — et se mit à considérer l’assemblée du regard le plus paternel et le plus courtoisement bienveillant.