bandes, se séparèrent, non sans s’être jeté un regard de défi, à l’instar des vieux héros du bon Homère. L’une précédée de la Sans-Regret suivit, en babillant, le chemin de la noce ; l’autre guidée par la Tarlette, prit une direction opposée.
La petite Martin, ou pour mieux dire Madame Cardon, — car c’est bien elle que nous avons vu sortir de l’église, dans le chapitre précédent, saluée par un murmure d’admiration, — venait à peine d’atteindre sa dix-septième année.
Elle était douée d’un extérieur avantageux ; mais ce qui la distinguait surtout, c’était l’excellence de son cœur, et les précieuses qualités qu’avait développées en elle une bonne éducation puisée au couvent.
Aussi habile à manier l’aiguille que les touches de son piano ; économe, propre à l’excès, industrieuse et ménagère, il fallait voir comme tout était rangé et brillant dans la maison de son père.
Quoiqu’il ne fût pas riche, le père Martin était cependant parvenu à une honnête aisance, et même à passer pour riche, grâce à une économie bien entendue et à son travail de chaque jour. Dans son jeune temps, il avait été voyageur, mais à son retour des pays d’en haut dont, soit dit entre parenthèse, il n’était pas revenu plus riche que le jour de son départ, il s’était mis à naviguer sur le fleuve. Trouvant que ça ne payait pas, mais qu’en revanche ça le fatiguait beaucoup, un beau matin, il abandonna la navigation au long cours pour se marier.
Les richesses que les deux époux apportèrent dans