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LES TROIS FRÈRES.

Une heure après, l’oncle Jules était rendu chez le frère Théodore, avec armes et bagages.

Vous le connaissez déjà, chers lecteurs, ce bon, cet excellent frère Théodore, vous connaissez aussi sa digne compagne et leur chère et excellente petite famille, aussi n’ai-je pas besoin de vous dire si l’oncle Jules fut reçu à bras ouverts et avec une effusion toute fraternelle, sous leur modeste toit. Habituée d’ailleurs à un travail régulier et au strict accomplissement de tous ses devoirs, la présence d’un bon frère ne pouvait que réjouir et consoler cette bonne famille d’honnêtes gens, et aucun d’eux ne se fut avisé de lui demander s’il avait des rentes ou des châteaux en Amérique.

Il y avait un mois environ que l’oncle Jules avait quitté l’hôtel de La Martinière de la manière que vous savez, lorsqu’un matin le frère Alfred parcourant ses journaux fut étonné, presque foudroyé d’y rencontrer le fait divers qui suit :

« Nous apprenons qu’un riche créole a quitté les Indes pour se rendre à son pays natal en France, à Paris. En vingt années de travail, il a acquis un million de piastres qu’il se propose de partager avec sa famille. Rien n’égale son entente des affaires, ses riches qualités et la générosité de son cœur. Les plus pauvres, à Calcutta, regrettent le départ de leur bienfaiteur qui n’a pas voulu partir sans leur laisser des souvenirs de son affection et de son intérêt. Il se nomme Jules Martin et doit, suivant toute probabilité, être déjà arrivé à Marseilles ou au Hâvre. »