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Page:Stevens - Contes populaires, 1867.djvu/47

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PIERRE CARDON.

En attendant, le magasin souffrait ; déjà les billets avaient été protestés ; la banqueroute approchait.

Et cependant, chose horrible et qui montre combien l’intempérance rend l’homme criminel et stupide, plus le danger devenait imminent, plus le malheureux cherchait à s’étourdir.

Il est vrai de dire qu’il avait un excellent maître. Tous deux étaient devenus inséparables, et comme la maison avait fini par déplaire à M. Malandrin, M. Cardon le suivait à l’auberge et dans les tavernes.

Quand on y voyait l’un, on était sûr d’y trouver l’autre.

Pendant ce temps, les mauvaises langues de l’endroit déchiquetaient impitoyablement la conduite du pauvre marchand, et comme la médisance a plutôt coutume de grossir que de diminuer les scandales, bientôt les bruits les plus injurieux, les plus déshonnorants, commencèrent à courir sur son compte.

Le père Martin ne tarda pas à être instruit de tout.

Le bonhomme qui croyait sa fille si heureuse, tomba de son haut, en apprenant cette funeste nouvelle qui courait déjà toutes les portes du village.

Il alla chez son gendre, sa fille seule le reçut en pleurant, et les pleurs de Marie ne firent que lui confirmer l’affreuse vérité !

Bien décidé à voir son gendre et à lui reprocher l’indignité de sa conduite, le père Martin se mit à battre les auberges ; mais dans l’une on ne l’avait pas vu depuis la veille, dans l’autre MM. Malandrin et Cardon n’avait fait qu’entrer et sortir. Enfin le pauvre père finit par les découvrir, assis tous deux dans une chambre retirée, dont la porte était close au vulgaire, en compagnie d’un jeu de cartes et d’une couple de bouteilles.

Le bonhomme voulut avoir une explication sur le