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Page:Stevens - Contes populaires, 1867.djvu/60

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JOSÉ LE BROCANTEUR.

Un goret de deux mois, au poil lisse et bien gras.
Il releva José, lui lava la figure
Tandis que celui-ci contait son aventure.

— Eh ! Parbleu ! mon ami, vous étiez dans l’erreur…
Cette vache est vieille et tarie,
Bonne, au plus, pour la boucherie.

Qui le croirait jamais ?… En ce moment, lecteur,
Le bon José se mit à brailler de douleur :
On le sait bien… Eh oui ! beuglait-il, à tue-tête,
Ça fera de la viande à qui tûra la bête,
Pourvu qu’elle soit tendre, il mangera le tout.
Mais moi je n’ai jamais éprouvé que dégoût
Pour cette viande-là, je la trouve insipide.
À la bonne heure, un beau petit cochon !
Le vôtre par exemple Oh ! bateau ! ça c’est bon !…
Puis on a le boudin…
Puis on a le boudin… José, d’un œil avide
Lorgnait complaisamment l’embonpoint du goret.

Et le boucher reprit : écoutez, camarade,
À vous égosiller ne vous rendez malade ;
Je puis bien, si cela vous plait,
Troquer ma bête pour la vôtre,
Car, à mes yeux, l’une vaut l’autre.

Le marché fut fait vite, et José s’en alla
Embrassant le goret sur sa mâle poitrine.
La reine, en ce moment, n’était pas sa cousine.
À quelques dix arpents de là,
José, dont le bon cœur était gonflé de joie,
Fit la rencontre d’un manant
Qui trottinait avec une oie.
Ces deux messieurs s’étant salués poliment,
Comme aux champs c’est d’ailleurs la coutume ordinaire,
Chacun se raconta ce qu’il avait à faire.

Moi, disait l’homme à l’oie en vous la soupesant
Je m’en vais, de ce pas, au marché de la ville
Vendre mon jars son poids d’argent.