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Page:Stevens - Contes populaires, 1867.djvu/59

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JOSÉ LE BROCANTEUR.

A-t-on jamais monté d’animal plus sauvage !…
Ce cheval-là m’allait comme une tuque au pied !…
Je l’aimais trop tantôt, maintenant il m’écœure.

Parlez-moi d’une vache, au moins
Ça vous fournit du lait, du fromage et du beurre,
Et ça peut se garder sans qu’il faille grands soins.
Je ne ferais pas mal de l’échanger sur l’heure,
Ça me semble un marché fort beau,
Sans compter qu’au printemps la vache donne un veau
Dont on mange la viande et dont on vend la peau…
Mon ami, voudrais-tu mon cheval pour ta vache ?
Tu n’y perdrais pas, que je sache,
Voyons, qu’en penses-tu ?…
Voyons, qu’en penses-tu— Mon bon Monsieur, pardi !
Si cela vous va bien, ça me va bien aussi.

Voila le marché fait, et chacun continue
Sa route ; le quidam à cheval, et José
Pourchassant devant lui cette vache fourbue.

Lorsqu’on voyage à pied, l’on est vite lassé,
Surtout quand il fait chaud. Bientôt le pauvre hère
Sentit sa langue en feu se coller au gosier.
Nous avons une vache, il s’agit de la traire,
Pensa-t-il. Aussitôt, au tronc d’un mérisier,
Il attache la bête et s’accroupit derrière ;
Mais comme il n’avait pas de sceau
Nécessité l’ingénieuse
Lui suggéra soudain d’employer son chapeau.
Puis de ses larges mains à la paume calleuse
Il se met à presser les pis avec fureur.
Mais hélas ! point de lait !… Pour comble de malheur,
L’animal irrité détache une ruade
Qui flanque mon José quasi mort sur le dos
Et la figure en marmelade.

C’en était fait de notre héros,
Sans un boucher témoin de sa déconfiture
Et qui par là passait, emportant sous le bras