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Page:Stevens - Contes populaires, 1867.djvu/70

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LES TROIS DIABLES.

— Vous avez bon cœur, dit-il au père Richard, en jetant sur le cordonnier un regard de profonde commisération ; eh bien ! je veux vous récompenser de vos excellentes intentions à mon égard. Que puis-je faire pour vous ? Que voulez-vous ?…… Que souhaitez-vous ?…… parlez, ce que vous demanderez vous sera accordé, je vous le promets.

Le père Richard, étonné de ce langage, regardait son interlocuteur avec une sorte de stupéfaction mêlée de respect et ne savait que penser.

— Voyons, parlez, brave homme ; tenez, pour vous mettre plus à l’aise, je vous accorde d’avance trois souhaits, vous n’avez que l’embarras du choix.

Cependant le cordonnier continuait à garder le silence et semblait n’accepter qu’avec défiance cette étonnante proposition. Évidemment il croyait voir devant lui quelque jeteur de sorts, comme il en passe de temps à autre dans les campagnes.

— Ce que vous me dites là est-il bien sûr, dit enfin le père Richard en accentuant chaque syllabe et en regardant fixement le mendiant, comme s’il eût voulu lire jusqu’au fond de son cœur.

— Aussi sûr qu’il y a un Dieu dans le ciel et que vous êtes là sur votre banc, père Richard.

— Eh bien ! reprit le bonhomme d’un ton décidé, puisque vous voulez être si bon pour moi, — quoique je ne vous aie jamais vu ni connu, — je souhaite d’avoir un banc sur lequel tous ceux qui viendront s’asseoir ne pourront se lever que par ma volonté.

— Et d’un, dit le mendiant, voici le banc.

— Je voudrais aussi un violon, et tant que je jouerais sur ce violon, tous ceux qui l’entendraient, danseraient bon gré, mal gré.

— Et de deux, fit le mendiant ; voici le violon, père Richard, avec son archet et des cordes de rechange.