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LES TROIS DIABLES.

Tiens,…… voilà ma femme qui tousse, elle ne tardera pas à se lever, va donc la prendre……

Mais le diable eut beau faire des efforts inouïs pour se remettre debout, il eut beau se démêner et te déméneras-tu, comme s’il eut été au fond d’un bénitier, il demeurait cloué sur le banc.

Richard, en voyant les contorsions et les affreuses grimaces du maudit, riait dans sa barbe, tandis que sa femme tenant la porte de sa chambre entre-baillée, criait à son mari d’une voix éraillée et pleine de larmes :

— Tiens-le bien, Richard ! tiens-le bien, mon homme ! tiens le comme il faut…… ne le lâche pas, mon cher petit mari !…… Je t’assure que je ne boirai plus.

Richard tint le diable assis de la sorte pendant neuf jours.

Au bout de ce temps, le malheureux s’était tellement secoué qu’il n’avait plus de fesses.

Vaincu par la douleur, il dit à Richard :

— Écoute, si tu veux me lâcher, je te laisserai encore ta femme pour un an et un jour.

— C’est bien, dit Richard, lève-toi. Bon voyage et au plaisir de ne plus te revoir.

Il faut savoir, chers lecteurs, que ce diable qui avait acheté l’âme de la Richard avait deux frères. Ses deux frères et lui faisaient trois : trois frères ou trois diables, comme vous voudrez.

Dès qu’il revint en enfer, tout en boitant, tant il souffrait à l’endroit que vous savez, ses deux frères n’eurent rien de plus pressé que de lui demander ce qu’il avait fait pendant cette longue absence.