Aller au contenu

Page:Stevens - Contes populaires, 1867.djvu/73

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
58
LES TROIS DIABLES.

— Ce que j’ai fait,…… répondit piteusement le diable, depuis que je suis parti, j’ai demeuré assis sur un banc, et il se mit à raconter, de point en point, sa pitoyable tournée.

— Ce n’est rien, petit frère, dit alors l’un des deux diables, va te faire soigner. Il ne manque pas de médecins chez-nous. La prochaine fois, ce sera moi qui irai chercher la Richard, et foi de bon diable ! je te garantis bien qu’elle ne m’échappera pas.

Au bout d’un an et un jour, voilà donc le diable qui avait ainsi parlé qui se présente chez le cordonnier. Notez bien, lecteurs, que sa femme buvait de plus belle, car, comme dit le proverbe : « qui a bu, boira. » Il y aurait eu, d’ailleurs, grandement à s’étonner qu’elle fût devenue tempérante. Est-ce qu’on peut pratiquer la tempérance quand on a le diable dans le corps ?

— Tiens, voilà encore un visage nouveau, dit Richard en voyant le diable qui se tenait debout d’un air de défiance.

— Qui es-tu ? demanda le cordonnier.

— Je suis le diable.

— Que veux-tu ?

— Je viens quérir ta femme ?……

— Je t’en serai bien reconnaissant, ce sera un bon débarras…… mais assieds-toi donc un peu, tu m’as l’air fatigué.

— M’asseoir !…… Hé ! Hé !…… pas si fou, mon frère n’est pas encore guéri……

— Tu ne veux pas t’asseoir, tant pis,…… reste debout comme un cheval.

En disant ces mots, le père Richard alla décrocher