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XXXVIII.

LE GLAND ET LES CHAMPIGNONS.


 Par un seul souffle des autans,
 Un gland qui touchait les nuages
 Tomba du haut de ces parages
Parmi tous ses aïeux que pourrissait le temps.
Des humbles champignons poussaient au pied du chêne
 « Que faites-vous ici, manants ?…
« Leur dit le gland déchu, quel objet vous amène
« Dans ces lieux vénérés où dorment mes parents
 « Et ma longue suite d’ancêtres ?…
« Allez croître plus loin à l’ombre d’un charnier,
« Coquins !… et respectez la tombe de vos maîtres…
« Savez-vous qui je suis, moi ?… race de fumier !… »
 — « Très noble et très illustre sire,
« Lui répond aussitôt le plus vieux champignon
« Dans un discours rempli de modération,
 « Nous avons toujours ouï dire
« Que vos aïeux étaient des seigneurs très puissants,
« Renommés pour leur luxe et leur munificence,
« Comme eux nous vous croyons grands parmi les plus grands ;
« Aussi respectons-nous votre illustre naissance,
« Nous champignons de rien… je dirai cependant
 « Que nous possédons quelque chose
« Que vous n’eûtes jamais, mon seigneur, le talent !…
« Sans parfum, s’il vous plaît, que deviendrait la rose ?…