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I.

L’ESPRIT FORT.


Un homme, qu’ai-je dit ! un réprouvé du ciel,
Vomi par les enfers, un athée, un impie,
Un esprit fort enfin riait de l’Éternel,
Lui, ver infime !… On dit qu’en sa rage inouïe,
Il osa, — Pourrait-on y penser sans frémir, —
Il osa, roi des Cieux ! mépriser ta puissance
Et renier ton existence !…
« Eh ! que m’importe à moi, de vivre ou de mourir,
« Disait-il. C’est la loi de la nature entière.
« Chacun doit y passer. Notre sort est pareil
« À tous, que nous ayons opulence ou misère ;
« La mort n’est rien qu’un long sommeil !
« Eh ! qu’avons-nous besoin de ces nombreux ministres
« Qui dans la chaire, chaque jour,
« Épouvantent les gens de menaces sinistres ?
« Les malheureux !… Jamais ils n’ont connu l’amour.
« Leur cœur fut toujours mort, leur âme desséchée :
— « Nous n’aimons que le ciel, notre âme est détachée
« Des faux biens de ce monde et nous sommes conduits
« Par l’amour le plus saint et le plus tendre zèle,
« Disent-ils, c’est celui de paître nos brebis. —
« À d’autres ! Je maudis leur race criminelle !… »
Ainsi parlait cet être là.
Mais voilà
Qu’un jour il fut atteint d’une fièvre mortelle.