XLVII.
LA MORT ET LE BÛCHERON.
Un pauvre bûcheron accablé de vieillesse
Déplorant son malheureux sort
À grands cris appelait la mort.
Elle accourt. — Que veux-tu ? — Soulagez ma détresse ?
La mort répond : viens avec moi.
— Avec toi !… pourquoi faire ? Oh non, je t’en supplie
Par pitié, mort ! retire-toi ?…
Je t’ai vue, et j’ai peur !… je préfère la vie.
La mort, en cruelle qu’elle est,
Ferme l’oreille à la prière.
Elle n’épargne rien et fauche sans arrêt.
Ni le palais des rois, ni la pauvre chaumière
Ne la font un instant reposer en chemin.
Elle frappe partout, porte sur tout la main,
Et va saisir le riche au milieu d’un festin
Aussi bien que le pauvre étendu sur la paille
Qui l’invoquait faute de pain.
Rapide, impitoyable, elle accourt et se raille
De nos plus beaux projets, de nos pleurs, de nos cris…
« Viens, dit-elle au vieillard ; viens, dit-elle à son fils,
« Vous me manquiez… entrez vous mêler à ma ronde.
« Tout meurt !… C’est moi qui suis la maîtresse du monde