Page:Stevenson - Catriona.djvu/165

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s’élança vers les yeux de Tam. Celui-ci prit un couteau pour se défendre. Et il parut bien que l’oiseau savait aussi ce que c’était qu’un couteau, car dès que brilla l’acier au soleil, il poussa un nouveau cri, mais moins aigu, comme s’il eût été désappointé, s’envola et disparut derrière le rocher.

Tam, alors, laissa sa tête tomber sur ses épaules et on le remonta comme à l’état de cadavre.

Une goutte d’eau-de-vie, cependant, lui rendit un peu de force, et il s’assit.

« Vite, cria-t-il, vite, Georgie, courez au bateau, mettez-le en sûreté, sans quoi, cet animal va le faire disparaître ! »

Ses compagnons le regardaient abasourdis, et essayaient de le calmer. Mais il ne voulut rien entendre tant que l’un d’eux ne fut pas parti pour veiller sur le canot.

Les autres lui demandèrent s’il ne voulait pas redescendre pour continuer la chasse.

« Non, dit-il, ni moi ni personne de vous ! Dès que je pourrai me tenir sur mes pieds, nous quitterons ce rocher de Satan ! »

Ils ne perdirent pas de temps en effet, et ils eurent raison, car avant qu’ils fussent de retour à North Berwick, Tam était pris de fièvre chaude. Il fut malade pendant tout l’été, et imaginez-vous qui eut la bonté de l’aller voir ? Tod Lapraik ! Chaque fois qu’il venait, on croyait s’apercevoir que la fièvre avait augmenté. Je ne sais pas si c’était vrai, mais ce que je sais bien, c’est comment se termina cette aventure :

Nous étions à la même époque que maintenant ; mon grand-père allait en mer pour la pêche des harengs, et il m’avait emmené un jour avec lui. Nous fîmes une belle pêche et le poisson nous entraîna jusque dans les environs du Bass, où nous rencontrâmes un autre bateau