Page:Stevenson - Catriona.djvu/17

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Et il me proposa de me conduire chez une de ses parentes qui confectionnait des culottes d’hiver inusables. Mais j’avais en tête des affaires autrement pressantes et il fallait m’orienter dans cette vieille ville fumeuse où je me trouvais pour la première fois, vraie garenne à lapins, soit par le nombre de ses habitants, soit par l’enchevêtrement de ses rues et de ses passages. C’était en vérité un endroit où un étranger ne pouvait se reconnaître et avait peu de chance de dénicher la demeure d’un ami étranger comme lui. Même en supposant qu’il arrivât à découvrir l’impasse cherchée, les gens vivent si entassés dans ces hautes vieilles maisons, qu’il pourrait bien courir tout un jour avant d’avoir la bonne fortune de frapper à la porte de son ami. Il y avait bien un moyen de se tirer d’affaire, c’était de prendre un guide qui vous menait où vous vouliez et ensuite vous ramenait chez vous ; seulement ces caddies ayant justement pour métier d’être très bien informés des personnes et des maisons de la ville, étaient devenus une vraie bande d’espions. Je savais, par les récits de M. Campbell, avec quelle curiosité enragée ils se communiquaient les nouvelles de leurs clients et comme quoi ils étaient les yeux et les doigts de la police. C’eût été folie, dans ma situation, d’avoir recours à eux et d’attacher de tels limiers à mes trousses.

J’avais trois visites à faire, toutes également pressées et utiles : d’abord, je devais voir mon parent M. Balfour de Pilrig, puis M. Stewart l’avoué, qui était l’agent d’Appin, et, enfin, j’avais à me présenter chez l’avocat général procureur du Roi en Écosse, lord William Grant de Prestongrange.

La visite à M. Balfour n’avait rien de compromettant, et d’ailleurs, Pilrig se trouvant à la campagne, je me faisais fort de trouver le chemin tout seul avec l’aide de mes deux jambes et celle non moins utile d’une bonne