Page:Stevenson - Catriona.djvu/18

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langue écossaise. Mais il n’en était pas de même des autres visites et elles m’inquiétaient davantage : celle à l’agent d’Appin, au moment où l’on s’occupait encore du crime, était déjà une imprudence ; de plus, elle était incompatible avec l’autre.

Il était vraisemblable, en effet, que, de toutes façons, j’aurais un mauvais quart d’heure à passer chez l’avocat général, mais s’il apprenait que je venais chez lui en sortant de chez l’avoué d’Appin, cela n’arrangerait pas mes affaires et pourrait même causer la perte de l’ami d’Alan. Puis j’aurais l’air d’un homme « qui court avec le lièvre et chasse avec les chiens », ce qui n’était nullement de mon goût. Je me décidai, par conséquent, à en finir avec M. Stewart et le côté jacobite de mon affaire, et je pris le parti de profiter, pour trouver sa demeure, de la présence de mon porteur. Au moment où je venais de lui donner l’adresse, une averse survint tout à coup, et songeant à mes habits neufs, je cherchai un abri sous un auvent au haut d’une impasse.

Tout me paraissant nouveau et curieux en cet endroit, je m’avançai de quelques pas et je me mis à examiner les environs : l’étroit chemin pavé descendait en pente rapide ; des maisons d’une hauteur prodigieuse à mes yeux se dressaient des deux côtés de l’allée, les étages faisant saillie les uns au-dessus des autres à mesure qu’ils s’élevaient. Tout en haut, on apercevait seulement un mince ruban de ciel. Ce que l’on pouvait surprendre à travers les fenêtres et l’aspect respectable des personnes qui entraient et sortaient, faisaient penser que ces maisons étaient bien habitées et, malgré moi, je me sentais intéressé comme par un roman.

Tout à coup, un bruit de pas et d’armes me fit tourner la tête, je vis quelques soldats et, au milieu d’eux, un homme de haute taille vêtu d’un long pardessus. Il marchait un peu penché en avant comme par une sorte