Page:Stevenson - Catriona.djvu/19

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de grâce élégante, ses mains avaient une pose naturelle et son visage était beau et distingué. Il me sembla que son regard s’arrêtait sur moi au passage, mais je ne pus rencontrer ses yeux. Le cortège s’arrêta à une porte de l’avenue qu’un domestique en livrée vint ouvrir, deux des soldats suivirent le prisonnier à l’intérieur de la maison, tandis que les autres restèrent à l’entrée, mousquets en main.

Âme qui vive ne peut passer dans les rues d’une ville sans être suivi par les badauds et les enfants. Il en fut ainsi cette fois, mais le gros de la troupe s’égrena vite et il ne demeura que trois personnes.

L’une d’elles, une jeune fille, était habillée comme une dame et portait les couleurs des Drummond ; ses compagnons ou, pour mieux dire, ses suivants, étaient de simples montagnards déguenillés, tels ceux que j’avais vus par douzaines pendant mon séjour dans les Highlands. Ils parlaient tous trois en gaélique avec beaucoup d’animation ; cet accent me parut agréable à entendre, car il me rappelait Alan ; aussi, quoique la pluie eût cessé et que mon compagnon me fît signe de continuer notre route, je m’avançai au contraire pour les écouter. La dame paraissait faire de vifs reproches, les autres s’excusaient avec des signes du plus extrême respect, ce qui me donna la certitude qu’elle était de grande famille. Tous en même temps fouillaient leurs poches et, autant que je parvins à voir, ne purent réunir plus d’un demi-farthing. Je ne pus m’empêcher de sourire en voyant tous les Highlanders pareils pour la bourse vide et les belles manières.

La jeune fille tourna par hasard la tête de mon côté et je pus voir son visage. Rien de plus merveilleux que la façon dont la figure d’une jeune fille s’imprime dans l’esprit d’un jeune homme et y laisse son empreinte sans qu’on puisse expliquer pourquoi ! Il semble