Page:Stevenson - Catriona.djvu/193

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

servir à votre défense, je suis aux ordres de Votre Excellence ; mais si cela devait nuire à James, je refuse. »

Il me sembla qu’il jurait entre ses dents.

« Vous avez raison de vouloir être avocat, dit-il, vous avez certainement la vocation ! Je vais vous répondre, reprit-il, après un moment de silence. James est hors de question, James n’a rien à attendre ;… sa vie est donnée et acceptée, achetée même si vous voulez, et payée, aucun Mémoire n’y peut rien, ni aucun argument d’un fidèle, monsieur David ! Faites ce que vous voudrez, il n’y aura pas de grâce pour James Stewart, tenez-vous-le pour dit. La question ne regarde donc que vous et moi.

« Vais-je tomber ? Vais-je rester en place ? Nul ne le sait, je ne vous cache pas que je suis en danger. Voulez-vous savoir pourquoi ? Ce n’est pas pour avoir poursuivi indûment le procès de James ; pour cela, je suis sûr du pardon. Ce n’est pas non plus pour avoir séquestré M. David sur un rocher, quoique cela puisse servir de prétexte ; non, ce serait simplement parce que je n’ai pas pris le plus court chemin, qui était d’envoyer M. David à la potence, d’où le scandale, d’où ce damné Mémoire ! — et il froissa le papier dans sa main. Voilà au bord de quel précipice m’a conduit mon amitié pour vous ; je voudrais savoir si vos scrupules de conscience vous empêcheront de m’aider à en sortir. »

Il y avait du vrai dans tout cela. Si James était perdu, pourquoi ne pas venir en aide à celui qui s’était compromis pour me sauver ? Je me sentais du reste fatigué de corps et d’esprit, la lutte me devenait presque impossible.

« Indiquez-moi à quelle heure et où je dois vous attendre, dis-je, je suis prêt à vous accompagner. »

Il me serra la main.

« Je crois que mes filles auront des nouvelles pour vous », me confia-t-il, en me reconduisant.