Page:Stevenson - Catriona.djvu/209

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Je fus extrêmement surpris et troublé de cette réception et cette dernière phrase, qui ressemblait aux paroles d’un dément, me laissa d’abord silencieux.

« Je vois que j’ai eu le malheur de vous déplaire, madame, dis-je enfin ; j’ose cependant vous demander des nouvelles de miss Drummond ? »

Elle me regarda avec des yeux flamboyants, les lèvres pressées l’une contre l’autre, secouant sa canne de toutes ses forces.

« C’est un comble ! s’écria-t-elle ; vous venez m’interroger à son sujet ! Plût à Dieu que je susse où elle est !

— Elle n’est pas ici ? » m’écriai-je.

Elle s’avança d’un bond, et poussa un cri qui me fit reculer.

« Taisez-vous, cria-t-elle ; comment ! vous venez me demander où elle est ? elle est en prison où vous l’avez fait enfermer, je n’ai rien de plus à vous dire ! s’il existait encore un homme de mon sang il vous châtierait ! »

Voyant que sa colère ne cessait d’augmenter, je ne jugeai pas à propos de rester plus longtemps. Comme je retournais à l’écurie, elle me suivit et je n’ai pas de honte à avouer que je partis avec un seul étrier et cherchant à rattraper l’autre.

Ne voyant pas comment poursuivre mes recherches, je n’avais d’autre ressource que de retourner chez l’avocat général. Je fus très bien accueilli par les quatre dames de céans ; je dus donner des nouvelles de lord Prestongrange et de ce qui se passait dans l’Ouest, tandis que la jeune fille avec qui je désirais tant causer m’observait d’un air moqueur et semblait jouir de mon impatience. Enfin, après avoir enduré un repas avec ces dames et comme j’étais sur le point de demander une entrevue à miss Grant devant sa tante, elle se leva, choisit