Page:Stevenson - Catriona.djvu/208

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lignes, gaies et charmantes, sur un morceau de papier sans signature.

— Sans signature ? répéta-t-elle en prenant une figure drôle et ravissante à la fois, comme quelqu’un qui cherche à se souvenir.

« À moins que je ne me sois trompé, repris-je, mais nous aurons le temps d’en causer puisque votre père a été assez bon pour faire de moi votre invité, et « le gaillard » vous prie de lui accorder la liberté pour cette fois.

— Vous vous donnez de singuliers noms, fit-elle.

— Monsieur Doig et moi serions encore contents d’en recevoir de plus durs de votre plume.

— Voilà qui fait une fois de plus admirer la discrétion des hommes, répondit-elle ; mais puisque vous ne voulez rien manger, partez vite, vous serez plus tôt revenu, car c’est une course d’imbécile que vous allez entreprendre. Partez, monsieur David. »

Il enfourche son poney gris,
Il galope à travers pays ;
Barrières, fossés, haies, rien ne l’arrête,
Quand de voir sa belle, il s’est mis en tête.

Je ne me le fis pas dire deux fois et je donnai raison à la citation de miss Grant sur la route de Dean.

Je trouvai Mrs Allardyce seule dans le jardin, le chapeau sur la tête et une canne à pomme d’argent à la main.

À peine descendu de cheval, en m’avançant vers elle, je vis le sang affluer à ses joues et elle prit l’expression d’une reine offensée.

« Comment, osez-vous entrer chez moi ? s’écria-t-elle, d’une voix nasillarde, tous les hommes de ma famille sont morts et enterrés. Je n’ai ni fils, ni mari, pour me défendre, le premier passant venu peut venir me tirer par la barbe, et le pis, c’est que j’en ai de la barbe », ajouta-t-elle se parlant à elle-même.