cheminées ; et sur la surface de la mer, le brouillard était si intense qu’on ne distinguait rien.
Je fus tiré de ma rêverie par le bruit des avirons et, un instant après, un canot émergea de la brume. À l’arrière, se tenait un homme brun vêtu de drap sombre, et à ses côtés, une belle jeune fille dont la vue arrêta les battements de mon cœur. J’avais eu à peine le temps de me remettre que, déjà, elle était sur le pont, souriant, tandis que je lui faisais mon plus beau salut, qui ne ressemblait guère sans doute au premier qu’elle avait reçu de moi. Tous les deux, assurément, nous avions changé pendant ces quelques mois ; elle avait encore grandi, comme un jeune arbre sain et vigoureux ; il y avait sur son visage une expression de timidité et de pudeur qui montrait qu’elle avait pris conscience de sa beauté féminine.
Enfin, la baguette de Miss Grant nous avait touchés, et tout en faisant ressortir la beauté de Catriona, elle nous avait donné à tous les deux les manières du monde. La même exclamation, presque dans les mêmes termes, s’échappa de nos lèvres. Nous crûmes réciproquement que l’ « autre » était venu pour prendre congé, puis nous nous aperçûmes tout à coup que nous allions voyager ensemble.
« Oh ! pourquoi Barbara ne m’a-t-elle pas avertie ? » s’écria-t-elle.
Alors, elle se souvint qu’elle avait une lettre avec l’injonction de ne l’ouvrir qu’une fois à bord ; dans l’enveloppe, elle en trouva une seconde pour moi, en voici le contenu :
« Cher David. Que pensez-vous de mon adieu ? et qu’allez-vous dire à votre compagne de voyage ? Allez-vous l’embrasser ou allez-vous lui demander la permission ?… »