Page:Stevenson - Catriona.djvu/254

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— Pardonnez-moi vous-même et ne me parlez plus de cet incident, il n’y a pour vous dans mon cœur que de la reconnaissance. Mais, ajouta-t-elle subitement, je veux être franche aussi, je ne pourrai jamais pardonner à cette jeune fille.

— Est-ce de Miss Grant qu’il s’agit ? Vous avez dit, il n’y a qu’un instant, qu’elle était la meilleure personne du monde.

— Elle l’est certainement, mais je ne lui pardonnerai jamais, quand même ; je ne lui pardonnerai jamais ! Je ne veux plus entendre parler d’elle !

— Eh bien, cela dépasse mon entendement ! Je me demande comment vous pouvez vous laisser aller à de tels enfantillages. Miss Grant a été notre meilleure amie à tous les deux, elle nous a appris à nous bien habiller et à nous bien conduire dans le monde. »

Ici, Catriona s’arrêta court au milieu de la route.

« Ah ! c’est ainsi que vous l’entendez, fit-elle. Eh bien, de deux choses l’une : ou vous continuerez à me parler d’elle et alors, je retourne à l’instant à la ville et advienne que pourra, ou vous me ferez le plaisir de parler d’autre chose. »

J’étais tout à fait perplexe, mais réfléchissant qu’elle était sous ma garde et à peine plus âgée qu’un enfant, je pris le parti d’être sage pour deux.

— Ma chère enfant, lui dis-je, vos paroles n’ont ni queue ni tête, mais Dieu me garde de vous faire de la peine. Quant à Miss Grant, je n’y pensais pas et c’est vous qui avez commencé à son sujet. Mon seul but est de vous rendre plus raisonnable, car je déteste jusqu’à l’ombre d’une injustice. Ce n’est pas que je blâme la fierté et une certaine délicatesse chez une femme, mais vous les poussez à l’excès.

— Avez-vous fini votre sermon ?

— J’ai fini.