— À la bonne heure ! » Et nous continuâmes à marcher, mais en silence.
La promenade n’avait rien de gai par elle-même, nous avancions dans la nuit noire, ne voyant que des ombres et n’entendant que le bruit de nos pas ; le silence était à peine interrompu de temps à autre par le chant d’un coq ou l’aboiement d’un chien de ferme.
Nous étions tous les deux en colère, mais l’obscurité et le froid eurent bientôt raison de notre orgueil, et pour ma part, j’aurais saisi au vol l’occasion de placer un mot.
Avant le petit jour, une pluie tiède commença à tomber, et fondit la glace sous nos pieds ; je pris mon manteau et cherchai à en envelopper Catriona. Mais elle me repoussa avec impatience.
« Cette fois, je ne vous écouterai pas, lui dis-je ; moi, je suis un gros gaillard, aguerri à tous les temps, tandis que vous êtes une délicate et jolie demoiselle ! Ma chère, vous ne voudriez pas me faire honte ! »
Sans protester, elle se laissa alors envelopper et, comme je le faisais à tâtons, ma main resta sur son épaule un moment, comme si j’allais l’embrasser.
« Il faut essayer d’avoir plus de patience avec votre ami, » repris-je.
Il me sembla qu’elle s’appuyait sur moi pendant l’espace d’une seconde, mais peut-être n’était-ce qu’une idée.
« Votre bonté est sans bornes ! » dit-elle.
Et nous reprîmes notre marche, toujours en silence, mais la joie régnait de nouveau dans mon cœur.
La pluie cessa au petit jour, et ce fut par une matinée brumeuse que nous entrâmes dans la ville de Delft. Des maisons rouges bordaient le canal. Les servantes étaient déjà dehors, frottant et brossant le linge sur les pierres de la route ; la fumée s’élevait des cuisines et il parut qu’il était grand temps de déjeuner.