Page:Stevenson - Catriona.djvu/293

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continuai-je : si Miss Drummond y consent librement, je l’épouserai avec bonheur, mais si elle éprouve la moindre hésitation, comme j’ai lieu de le craindre, je ne l’épouserai jamais.

— Bien, bien, ce n’est pas une grosse affaire. Dès qu’elle sera rentrée, je la pressentirai adroitement et j’espère que vous serez satisfait. »

Mais je l’arrêtai aussitôt…

« Pas un doigt de votre main dans l’affaire, monsieur Drummond, ou je pars sur-le-champ et vous pourrez chercher un mari pour votre fille où il vous plaira ; c’est moi qui serai le seul acteur et le seul juge. Je me renseignerai moi-même et nul autre ne s’en mêlera, vous moins que personne.

— Sur ma parole, monsieur ! Quels droits avez-vous donc de me faire la loi ?

— Ne suis-je pas le premier intéressé ?

— Vous éludez la question ! s’écria-t-il. Vous ne voulez pas tenir compte des faits ! Ma fille n’a pas le choix, elle est compromise.

— Je vous demande pardon, le public n’a pas été au courant et aussi longtemps que la chose restera entre vous et moi, sa réputation n’a rien à craindre.

— Dois-je donc livrer au hasard l’honneur de ma fille ?

— Vous auriez dû vous aviser de cela plus tôt, au lieu de l’abandonner ! Je ne suis pas responsable de ce qui est arrivé, et je ne me laisserai insulter par personne. Je ne changerai pas un mot à ce que je vous ai dit. Nous allons attendre ici le retour de Catriona ; alors, sans aucune parole ou signe de votre part, nous sortirons, elle et moi, pour que je puisse l’interroger. Si elle me répond qu’elle veut bien m’épouser, je serai le plus heureux des hommes ; si elle ne consent pas, ce sera une affaire réglée. »