Page:Stevenson - Catriona.djvu/294

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Il se mit à marcher dans la chambre.

« Vous allez l’influencer pour qu’elle refuse ? dit-il.

— Peut-être… fis-je, et pourtant c’est à prendre ou à laisser.

— Et si je refuse, moi ?

— Eh bien, monsieur Drummond, si vous y tenez alors, nous nous battrons. »

Je ne risquai pas cela sans quelque frisson, car, sans parler du fait qu’il était le père de Catriona, l’issue du duel n’eût pas été douteuse avec un tel adversaire. Mais mes alarmes étaient vaines ; la médiocrité de mon logis l’avait amené à admettre que mes moyens étaient plutôt restreints ; mais la nouvelle de mon héritage lui avait montré son erreur ; il avait changé ses batteries aussitôt et s’était emparé de l’idée du mariage afin de jouir de ma fortune.

Il continua à discuter jusqu’à ce qu’un mot le réduisît au silence.

« Si je vois que vous craignez tant de laisser votre fille parler pour elle-même, je penserai que vous avez aussi de bonnes raisons pour craindre son refus. »

Il murmura une dénégation quelconque.

« Toute cette discussion m’énerve, ajoutai-je, et je crois que nous ferons mieux de garder le silence. »

Il s’y résigna jusqu’au retour de sa fille, et si quelqu’un avait pu nous voir, il eût trouvé notre tête-à-tête bien singulier.