Page:Stevenson - Catriona.djvu/319

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— C’était pour apporter cette lettre à James More. Pourquoi reste-t-il là après l’avoir remise ? Pourquoi un officier a-t-il débarqué et se cache-t-il dans les dunes ? Je vous le laisse à deviner.

— Une lettre pour James More ? répéta-t-il.

— Oui.

— Eh bien, je puis vous dire que, cette nuit, pendant que vous dormiez, James More a causé en français et la porte de l’auberge a été ouverte, puis refermée.

— Alan ! vous avez dormi toute la nuit ! m’écriai-je.

— On doit se méfier d’Alan même quand il dort ; mais voyons la lettre, — l’affaire paraît mauvaise ! »

Je la lui donnai.

« Catriona, il s’agit de ma vie, vous m’excuserez de briser ce cachet ?

— Je vous prie de le faire au plus vite », répondit-elle.

Il l’ouvrit, lut et leva les bras en l’air.

« Le traître ! cria-t-il en chiffonnant le papier dans sa poche ! Allons ! préparons-nous, c’est la mort pour moi. »

Et il commença à marcher vers l’auberge.

« Il vous a vendu ? demanda Catriona.

— Absolument, mais grâce à vous et à David je peux encore le jouer…

— Catriona doit nous suivre, dis-je, elle ne peut plus demeurer avec cet homme — nous sommes fiancés. »

À ce mot elle me pressa la main.

« C’est ce que vous aviez de mieux à faire, répondit Alan, et je puis vous assurer, mes amis, que vous ferez un beau couple ! »

Nous étions derrière le moulin et j’aperçus un matelot anglais qui semblait se cacher.

« Voyez, Alan, dis-je.

— Bon, j’en fais mon affaire. »

Assourdi sans doute par le bruit du moulin, le marin