Page:Stevenson - Catriona.djvu/320

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ne nous entendit pas et nous fûmes près de lui sans qu’il s’en fût douté.

« Je pense, monsieur, que vous parlez anglais ? lui dit Alan.

— Non, monsieur, répondit-il avec un accent qui ne pouvait tromper.

— Non, monsieur ! répéta Alan en le contrefaisant, est-ce ainsi qu’on vous apprend à parler sur le Seahorse ? Voici une botte écossaise pour votre vilaine face anglaise ! »

Et bondissant vers lui, il lui lança un coup de pied qui l’étendit sur le sol. Puis il le regarda avec mépris se relever et disparaître dans les dunes.

« Il est temps de quitter le pays ! » dit-il, et nous nous mîmes à courir de toutes nos forces jusqu’à l’entrée de l’auberge.

Nous entrâmes par une porte et James More par l’autre.

« Montez vite, dis-je à Catriona, et faites vos paquets, il n’est pas utile que vous restiez ici. »

Pendant ce temps, James et Alan s’étaient rejoints au milieu de la longue salle ; Catriona passa à côté d’eux pour gagner l’escalier et elle les regarda, mais sans s’arrêter. En vérité, ils valaient la peine d’être vus. Alan avait son air courtois des grands jours et James, flairant le danger, se tenait sur ses gardes. La situation d’Alan, entouré d’ennemis dans cette maison isolée, aurait troublé tout autre que lui, mais ce fut avec son ton railleur habituel qu’il commença l’entretien.

« Je vous souhaite le bonjour, monsieur Drummond, je ne serais pas fâché de connaître l’affaire dont vous avez désiré m’entretenir ?

— C’est une chose secrète et l’histoire en est longue, dit James More, vous attendrez bien jusqu’après dîner.

— Je ne crois pas ; j’ai dans l’idée que ce doit être