Page:Stevenson - Catriona.djvu/323

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Il sembla réfléchir, puis il nous tira un coup de chapeau et disparut.

Alors, le charme fut rompu.

« Catriona ! criai-je, c’est moi qui vous ai blessée !

— Je le sais, David, je vous en aime davantage, c’était pour défendre ce triste personnage qui est mon père ! Voyez, fit-elle en me montrant une égratignure qui saignait sur sa poitrine, voyez, vous avez fait de moi un homme ! J’aurai une cicatrice comme un vieux soldat ! »

La joie et l’amour me transportaient,… je l’embrassai,… je baisai la blessure.

« Ne puis-je donc pas embrasser à mon tour, moi qui n’en ai jamais perdu l’occasion ? s’écria Alan. Vous êtes une vraie fille d’Appin ! David est très brave, mais il peut être fier de vous ; si jamais je me marie, c’est une femme comme vous qu’il me faut pour en faire la mère de mes fils. Or, je porte un nom royal et je dis la vérité. »

Ces paroles semblèrent nous purifier de toute la honte de James More.

Alan, le premier, revint bientôt à la réalité.

« Mes amis, tout cela est charmant, dit-il, mais Alan Breck est un peu plus près de la potence qu’il ne le désire. Je crois donc qu’il importe de partir. »

Ceci nous rappela à la raison, les paquets furent bientôt faits et nous quittions l’auberge quand de grands cris nous arrêtèrent. Bazin, qui s’était caché sous la table à la vue des épées, était maintenant hardi comme un lion : Sa note devait être payée, il y avait une chaise cassée, Alan s’était assis sur la vaisselle et James avait fui.

« Payez-vous », lui criai-je et je lui jetai quelques pièces d’or, trouvant que ce n’était pas l’heure de compter.

Autour de la maison, des matelots anglais étaient postés. James More, dans le lointain, agitait son chapeau comme pour les exciter à se presser, et juste