Page:Stevenson - Catriona.djvu/324

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derrière lui, comme les gestes d’un être privé de raison, les ailes du moulin s’agitaient.

Alan ne jeta qu’un coup d’œil et prit la course ; il portait le sac de James More, et je crois qu’il aurait plutôt perdu la vie que d’abandonner ce butin dont la capture était sa vengeance. Il courut si bien que j’avais peine à le suivre et que j’admirai Catriona bondissant à mes côtés.

Quand nos ennemis nous aperçurent, ils négligèrent toute prudence et se mirent à notre poursuite. Mais nous avions une avance de cent mètres et ils durent renoncer à nous rejoindre. Je suppose qu’ils étaient armés, mais ne se souciaient pas de tirer en terre française.

Dès que je pus me rendre compte que nous conservions notre distance et même que nous avions gagné du terrain, je commençai à me sentir à l’aise. N’empêche que ce fut une rude course, et quand, arrivés au bas d’une colline, nous trouvâmes une compagnie de la garnison en manœuvre, je compris le mot d’Alan.

Il s’arrêta net, s’essuya le front et s’écria :

« Ah ! quels braves gens que les Français ! »