Page:Stevenson - Catriona.djvu/43

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Monsieur Balfour, lui dis-je, si je devais vous conter mon histoire tout entière, j’ai la conviction que vous n’en seriez pas très édifié.

— Je suis fâché d’apprendre cela de vous, mon cher parent.

— Vous ne devez pourtant pas me juger trop mal, monsieur Balfour ; il n’y a rien à ma charge qui doive m’inquiéter, ni vous non plus ; rien, sinon les communes infirmités de l’homme. « De la faute d’Adam, de mes défaillances personnelles et des défauts inhérents à ma nature, de tout cela j’ai à répondre et j’espère avoir appris où chercher le secours », dis-je (car je jugeai à la figure du personnage qu’il aurait meilleure opinion de moi si je savais mon catéchisme) ; mais quant à l’honneur selon le monde, je n’ai rien de grave à me reprocher et mes malheurs sont arrivés en grande partie sans qu’il y ait de ma faute et contre ma volonté. Mes embarras viennent de ce que j’ai été mêlé à une intrigue politique dont vous aimeriez mieux certainement ne rien savoir.

— Bien, très bien, monsieur David, répondit-il, je vois avec plaisir que vous êtes tel que M. Rankeillor me l’annonce, et pour ce qui est des intrigues politiques, vous me rendez pleine justice : je m’applique à être au-dessus de tout soupçon et à me tenir en dehors de la lutte. Je me demande seulement comment il me sera possible de vous être utile si je ne suis pas au courant de l’affaire ?

— Voici, monsieur : je vous propose d’écrire à lord Prestongrange que je suis un jeune homme de bonne famille, et de certaine fortune. Je crois pouvoir dire que les deux choses sont vraies.

— J’ai la parole de Rankeillor qui me l’affirme et cela vaut toutes les garanties.

— À quoi vous pourrez ajouter dans votre lettre (si