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Ma route le long des maisons de Leith m’aurait paru agréable sans cette rencontre. Le vieux rempart s’étendait à travers les champs les mieux cultivés que j’eusse jamais vus ; je jouissais beaucoup, d’ailleurs, de me trouver en pleine campagne, mais le cauchemar du gibet s’agitait dans ma tête ainsi que les gestes de la vieille et la pensée des deux pendus. Mourir par la corde, c’est une dure mort à coup sûr, et que ce soit pour avoir volé deux shillings ou (comme avait dit M. Stewart) par fidélité au sentiment du devoir, la différence semblait petite. Ainsi, me disais-je, David Balfour pourrait être pendu dans ce lieu, d’autres garçons comme lui le verraient en passant et le prendraient pour un criminel, la vieille se tiendrait à la même place et leur dirait la bonne aventure. Puis, quand viendraient les joyeuses fillettes, elles détourneraient la tête en se bouchant le nez. Je les voyais en imagination, elles avaient des yeux gris et leurs cocardes étaient aux couleurs des Drummond.

J’étais ainsi plongé dans les plus noires réflexions, quoique toujours résolu, quand j’arrivai en vue de Pilrig, une jolie maison à pignon plantée sur le bord du chemin parmi quelques petits bouquets de bois. Un cheval attendait tout sellé à la porte, mais son maître était encore dans son cabinet.

Il me reçut au milieu de livres savants et d’instruments de musique, car il n’était pas seulement philosophe, mais aussi très bon musicien.

Il m’accueillit très bien et dès qu’il eut pris connaissance de la lettre de Rankeillor, il se mit très obligeamment à ma disposition.

« Et qu’est-ce donc, dit-il, cousin David (puisqu’il paraît que nous sommes cousins), qu’est-ce donc que je puis faire pour vous ? Un mot à Prestongrange ? c’est facile, mais que doit être ce mot ?