Page:Stevenson - Catriona.djvu/57

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La différence est seulement que les Campbell étaient barbares du bon côté et les Stewart du mauvais. Maintenant, soyez juge ; les Campbell comptent sur la répression ; s’ils ne l’obtiennent pas, si ce James Stewart échappe, ce sera la guerre avec les Campbell. Cela veut dire des troubles dans les Highlands où l’on est toujours agité et très loin d’être désarmé. Le désarmement n’est qu’une comédie.

— Je suis de votre avis en cela, dis-je.

— Or, des troubles dans les Highlands, cela fait l’affaire de notre vieil ennemi qui guette toujours, poursuivit Son Excellence en levant un doigt tout en marchant, et je vous donne ma parole que nous pouvons avoir un nouveau 1745 avec les Campbell contre nous. Pour sauver la vie de ce Stewart, qui est compromis déjà dans beaucoup de méfaits, sinon dans celui-ci peut-être, voulez-vous plonger votre pays dans la guerre, risquer la foi de nos pères et exposer la vie et les biens de milliers d’innocents ? Telles sont les considérations qui pèsent sur mon esprit et qui, je l’espère, ne pèseront pas moins sur le vôtre, monsieur Balfour, comme patriote, soucieux d’un bon gouvernement et de la vérité religieuse.

— Vous agissez très franchement avec moi et je vous en remercie, répondis-je. J’essaierai de mon côté de n’être pas moins honnête. Je crois votre politique saine, je crois que ces considérations graves doivent peser sur Votre Excellence, je crois que vous avez dû en accepter la charge quand vous avez prêté serment pour la situation que vous occupez. Mais, quant à moi qui ne suis qu’un homme ordinaire — et bien jeune encore, — les devoirs ordinaires me suffisent. Je ne puis songer qu’à deux choses : au pauvre diable qui est dans le danger immédiat et injuste d’une mort honteuse, et aux cris et aux larmes de sa femme qui résonnent encore à