Page:Stevenson - Catriona.djvu/69

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ses hommes à la révolte, je savais que la tête de son père (le renard gris des Highlands)[1] était tombée pour ce fait, que les terres de famille avaient été saisies et les titres de noblesse abolis. Je ne pouvais donc concevoir ce qu’il venait faire dans la maison de Grant, je ne pouvais imaginer que, nommé magistrat, il avait fait litière de ses anciennes convictions, et s’efforçait maintenant de gagner les faveurs du gouvernement en acceptant le rôle de substitut de l’avocat général pour le crime d’Appin.

« Eh bien monsieur Balfour, qu’est-ce que j’apprends de vous ? dit-il.

— Je n’ai pas d’explications à vous donner, répondis-je ; lord Prestongrange pourra vous renseigner, il est au courant de mon affaire.

— C’est moi qui m’occupe du meurtre d’Appin, continua-t-il ; je dois siéger comme substitut de Prestongrange et d’après les pièces du procès, je peux vous assurer que vos idées sont fausses. La culpabilité de Breck est manifeste et le témoignage par lequel vous reconnaissez l’avoir vu sur la colline au moment du crime, ne fera que hâter sa condamnation à la potence.

— Il sera difficile de le pendre avant de l’avoir pris, répondis-je, et pour ce qui est du reste, je n’ai pas à discuter avec vous.

— Le duc est informé de tout ceci, reprit-il ; je viens de le voir et il s’est exprimé devant moi avec une noble liberté, comme il convient à un homme de sa valeur. Il parle de vous par votre nom, monsieur Balfour, et vous assure de sa reconnaissance si vous voulez bien vous laisser conduire par ceux qui comprennent mieux que vous vos intérêts et ceux du pays. Or, la reconnaissance n’est pas un vain mot dans cette bouche, experto crede.

  1. Voir les Aventures de David Balfour.