Page:Stevenson - Catriona.djvu/70

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Je suis sûr que vous savez quelque chose de mon nom et de mon clan, du mauvais exemple donné par mon père et de sa fin lamentable, pour ne rien dire de mes propres erreurs. Eh bien, j’ai fait ma paix avec le bon duc, il est intervenu pour moi auprès de notre ami Prestongrange, et me voici de nouveau le pied à l’étrier avec de grosses responsabilités entre les mains, poursuivant les ennemis du roi Georges et prêt à venger la dernière insulte faite à Sa Majesté.

— C’est évidemment une belle situation pour le fils de votre père ! » répliquai-je.

Il fronça les sourcils et me regarda, furieux.

« Il vous plaît d’essayer de l’ironie, je crois, dit-il, mais je suis ici pour remplir mon devoir, pour m’acquitter de ma charge en conscience, et c’est en vain que vous pensez me donner le change. Laissez-moi vous le dire, pour un jeune homme d’énergie et d’ambition, un bon coup d’épaule au début vaut mieux que dix ans de travail. Le coup d’épaule est en ce moment à votre disposition ; choisissez de quel côté vous voulez être poussé, le duc s’occupera de vous avec la sollicitude d’un père.

— C’est moi qui manquerais de la docilité d’un fils, répondis-je.

— Alors, s’écria-t-il, vous supposez vraiment, monsieur, que la politique de ce pays devra céder, et être renversée par un gamin comme vous ? On a donné à cette affaire la valeur d’une épreuve. Tous ceux qui voudront prospérer dans l’avenir doivent pousser à la roue. Regardez-moi ; supposez-vous que c’est pour mon plaisir que je me suis mis dans l’odieuse situation de persécuter un homme à côté de qui j’ai tiré l’épée ? Le choix ne m’est pas laissé.

— En effet, je pense, monsieur, que vous vous êtes interdit le choix en vous mêlant à cette rébellion déna-