Page:Stevenson - Catriona.djvu/76

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.


VII

UNE FAUTE CONTRE L’HONNEUR


J’arrivai je ne sais comment à la rue du Prince ; c’est un chemin rural qui s’avance vers le nord et domine la ville. De là, je pouvais contempler la ligne noire que formait la vieille cité se prolongeant depuis le château fort. À la vue de cette lugubre prison perchée sur son rocher au-dessus du lac et entourée d’une forêt de clochers, de pignons, de cheminées fumantes, mon cœur se gonfla dans ma poitrine. Tout jeune, je l’ai dit, j’avais été endurci au danger, mais le péril que j’avais vu de près ce matin même, au milieu de ce qu’on est convenu d’appeler la sécurité d’une grande ville, me troublait au delà de toute expression. Danger d’esclavage et de naufrage, risque de l’épée ou du coup de feu, j’avais tout affronté à mon honneur, mais ce péril concentré dans la voix perçante et la figure grasse de Simon Fraser domptait toute mon énergie.

Je m’assis à côté du lac, à un endroit où les joncs plongeaient dans l’eau, et là, je trempai mes mains et baignai mes tempes. Je sentais que si j’avais pu le faire en conservant quelque estime pour moi-même, j’aurais renoncé sur l’heure à ma téméraire entreprise, mais courage ou poltronnerie — il y avait des deux, — je