Page:Stevenson - Catriona.djvu/78

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augmentèrent mon courage, et mes idées prirent une meilleure tournure. Arrivé au village de Dean, qui occupe le fond de la vallée à côté de la rivière, je n’eus qu’à gravir la colline par un simple sentier et j’arrivai en face d’une petite maison entourée d’un jardin avec des pelouses et des arbres fruitiers. C’était là : mon cœur battait fort quand je franchis la grille, mais il s’arrêta presque de dépit quand je me trouvai face à face avec une vieille dame à la figure grimaçante et fière qui venait au-devant de moi, un fichu blanc sur la tête et un chapeau d’homme par-dessus.

« Que venez-vous faire ici ? » demanda-t-elle.

Je lui dis que je désirais voir miss Drummond.

« Que lui voulez-vous ? »

Je lui racontai notre rencontre du samedi précédent, j’ajoutai que j’avais été assez heureux pour lui rendre un léger service, ce qui m’avait valu une invitation de sa part.

« Alors, vous êtes Six pence ! s’écria-t-elle en ricanant ; quel grand cadeau ! quel brave gentilhomme ! Avez-vous quelque autre nom ou bien avez-vous été baptisé sous celui de Six pence ? »

Je lui indiquai mon nom.

« Dieu vous bénisse ! Ebenezer a donc eu un fils ?

— Non, madame ; je suis le fils d’Alexandre. C’est moi qui suis l’héritier de Sharos.

— Vous aurez de la peine à faire valoir vos droits.

— Je vois que vous connaissez mon oncle, et je suis heureux de vous faire savoir que mes affaires sont en règle.

— Mais, pourquoi venez-vous voir miss Drummond ? reprit-elle.

— Je suis venu chercher mes « six pence », madame : étant le neveu de mon oncle, il n’est pas étonnant que je sois économe.